" Un groupe de loups, c'est une horde. Un groupe de vache, c'est un troupeau. Un groupe d'hommes, c'est souvent une bande de cons. "

Il faisait très beau ce jour là, voir chaud pour un mois de Septembre. Tobias en avait profité pour sortir, et aller faire quelques emplettes.
Comprenons nous bien : ses achats n'étaient pas des vêtements, ni et encore moins des futilités.
Il s'agissait de nourriture, mais aussi de quelques livres qui lui faisaient envie. Une sorte de dictionnaire au sujet de la psychologie de groupe, un roman épais, le journal du jour, j'en passe et des meilleures...
Bref, il était plutôt chargé, et s'il n'avait pas été un modificateur, il était fort probable qu'il tanguerait d'un côté à l'autre pour trouver son équilibre.

Biker : Hé, toi !

Dans un premier temps, il n'avait pas comprit que l'homme, petit et râblé, chef d'un petit groupe de motards, s'adressait à lui.
Toutefois, lorsque cela avait été le cas, il n'avait pas prit la peine de se retourner. Ce genre de personnes étaient stupides, et à son goût, inintéressantes...

Biker : Hé tapette, j'te parle !

Tapette ? Génial, encore un qui avait du vocabulaire...
Premièrement, il n'était pas homosexuel, et deuxièmement, si cela avait été le cas, il n'aurait pas considéré cela comme une honte, loin de là !
Les compagnons de l'inconnu ricanaient bêtement, visiblement fiers de la bêtise de leur mentor.
Fort heureusement, ils s'étaient arrêtés à une " agression " verbale, laissant le jeune loup passer son chemin.

Bien sûr, s'il l'avait voulu, il aurait aisément pu les dominer, mais il n'était pas violent par nature...
Il avançait depuis quelques minutes, lorsqu'il avait aperçu une silhouette qui lui était familière.
Jacob Black, Quileute, qu'il avait un petit peu fréquenté durant la période où il se cherchait.

- Salut.

Il n'était pas beaucoup plus petit que lui, mais l'indien avait sûrement une bonne quinzaine de kilos de muscles en plus, comme la majorité de sa meute...

Jacob : Ah tiens, salut Tobias !

Le jeune homme avait adressé un sourire à son interlocuteur. Cet adolescent surdimensionné était plutôt sympa quand on le connaissait, et qu'on n'était pas un vampire, et surtout, il l'avait bien aidé avec sa bande par le passé.
Aussi, comme le disait le proverbe, " Il n'y a guère au monde un plus bel excès que celui de la reconnaissance ".
Il était assez étrange que les deux loups se rencontrent à Port-Angeles, mais après tout, pourquoi pas ?

- Qu'est ce qui t'amènes en ville ?

C'était bien comme ça qu'on commençait une conversation, non ?
Placés l'un en face de l'autre, Tobias et Jacob semblaient être des opposés : L'un avait la peau claire, et une silhouette relativement frêle, l'autre le teint mat, et une carrure de sportif de haut niveau.
Pourquoi tant de différences au sein d'une même " sous-espèce " d'Hommes ?
Bah, après tout, il y avait également d'importantes divergences physiques parmi les humains ordinaires...

Pour les buveurs de sang, l'odeur des modificateurs était nauséabonde, et inversement.
Ça aussi, Tobi peinait à le comprendre... quand il se retrouvait en compagnie de " ses semblables ", il ne humait qu'une légère flagrance boisée, qui rappelait celle de la nature, mais rien de désagréable, bien au contraire...

Jacob : Eh bien, je suis resté cloîtré entre la forêt et la réserve depuis un bon bout de temps, j'ai eu envie de changer d'air pendant quelques instants.

C'était compréhensible. L'isolement n'avait rarement que des côtés positifs, et il était tout à fait normal de vouloir voir autre chose que son environnement habituel, à plus forte raison pendant la période de l'adolescence...

Jacob : Et toi, que fais-tu ici ?

Le jeune homme avait désigné ses achats d'un petit signe de tête, avant de répondre à la question qui lui avait été posée :

- J'ai profité du beau temps pour sortir, et me réapprovisionner. Mais à part ça...

Il s'était interrompu pour rattraper un livre qui venait de lui échapper ( bénis soient les réflexes propres à la condition de modificateur ), avant de reprendre :

- ... oups ! Pas grand chose.

Pour sortir en ville, et envisager autre chose, il était nécessaire d'avoir des amis. Or, Tobias en avait peu à Forks.
Et puis, à vrai dire, il n'appréciait guère les activités auxquelles se livraient régulièrement les autres personnes de son âge...
Depuis tout petit, il préférait le calme d'un bon livre à l'agitation d'une boîte de nuit.
Le cinéma trouvait grâce à ses yeux, si bien qu'il s'y rendait parfois, mais il en ressortait souvent sans pouvoir partager ses impressions avec un tiers.

La solitude devait certainement être le prix à payer pour être tranquille, et surtout, maintenir sa famille hors de danger.
S'il était resté en France, on lui aurait posé une multitude de questions au sujet de sa rémission miraculeuse, et il n'avait pas voulu ça. Être la cible des journalistes, très peu pour lui...
Aussi, il ne regrettait pas son choix. Et lorsque cela venait à se produire, il repensait aux avantages que lui conférait son " exil ".

Jacob : Oui je vois ça !

L'adolescent aurait pu se moquer de sa maladresse passagère, mais il s'était abstenu, et il ne pouvait lui en être que reconnaissant.
Précautionneusement, il avait glissé le livre sauteur dans le sac qui contenait le reste de ses achats, avant de continuer à marcher, non sans observer discrètement le Quileute, qui avait eu une attitude assez étrange pendant quelques instants.
On aurait dit qu'il avait vu quelque chose qui l'avait interpellé, ou plutôt, reconnu des amis. Or, Tobias ne voyait rien. La ruelle dans laquelle ils progressaient était déserte.

Jacob : Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu, qu'est-ce que tu es devenu pendant tout ce temps ?

Finalement, l'indien avait fini par reprendre ses esprits, en rompant le silence qui s'était installé dans leur conversation.
Le jeune homme n'avait pas pu s'empêcher de se sentir coupable de ne pas avoir donné de ses nouvelles aux habitants de la Push, qui l'avaient si bien aidé quand il était dans le besoin...

- Je suis resté en ville, et j'ai essayé de me perfectionner.

Il s'était interrompu, avant d'ajouter, non sans avoir passé sa main libre dans ses cheveux, signe qui trahissait sa légère gêne :

- Si jamais vous avez besoin de quelque chose, toi et les tiens... n'hésitez pas à demander. Je n'oublie pas que je vous suis redevable.

Entrer dans la meute ne lui disait actuellement pas grand chose, car il ne souhaitait pas renoncer à son indépendance spirituelle, même si la solitude lui pesait un peu parfois, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne s'allierait pas aux autres modificateurs si le besoin s'en faisait sentir, même si, d'après lui, ses compétences morales seraient plus exploitables que ses talents ( quasi inexistants ) de guerrier...