" Seule l'obscurité a le pouvoir d'ouvrir au monde le cœur d'un homme. "

Le jour avait laissé place à la nuit depuis plusieurs heures déjà, mais cela n'empêchait pas une silhouette de progresser silencieusement dans Central Park. Tobias profitait de la solitude que lui assurait les lieux, tout en laissant son esprit divaguer à loisir.
Depuis qu'il était arrivé à Forks, il avait beaucoup étudié les vampires, mais il n'en avait jamais croisé que de loin.
Sa curiosité était grande, mais il n'avait jamais osé aborder l'un des membres de la famille Cullen.
Ces derniers avaient été bannis par les loups quelques décennies auparavant, si bien qu'il se doutait qu'il ne les portaient pas dans leurs cœurs.
Il ne voulait pas qu'ils se sentent " agressés ", ou même dérangés dans leur intimité.
Lui même appréciait la sienne, et n'aurait peut-être pas souhaité qu'un ennemi présumé vienne lui poser une foule de questions...

Aussi, il attendait le moment propice pour engager la conversation, mais il n'ignorait pas qu'un tel moment risquait de ne jamais se présenter s'il ne forçait pas un peu la chance.
Contrairement aux buveurs de sang, il n'était pas immortel, ou du moins, plus vulnérables qu'eux et leurs corps de marbre.
Les Quileutes lui avaient assuré qu'ils étaient à même de faire le poids contre leurs adversaires, mais il n'en était pas intimement persuadé.
Et puis, pour lui, les batailles ne devaient pas être vaines. " La violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec. "
Il était assez d'accord avec cela : oui, un échec, échec d'une possible négociation non menée à bien, d'une tentative pacifique d'approche, ou d'autres choses de ce genre...

Si l'on ne touchait pas sa peau, irradiante de chaleur, il était difficile,à moins d'être une personne possédant un flair surdéveloppé, de se rendre compte qu'il était un modificateur.
En effet, même s'il était haut sur pattes comme le disait sa mère, il avait toujours été mince.
Depuis sa première transformation, il mangeait pour trois, mais cela n'avait pas changé grand chose. Il avait tout au plus gagné quelques muscles, et un peu d'épaisseur, mais la métamorphose physique s'arrêtait là.
Perdu dans ses pensées, il avait à peine entendu que quelqu'un l'approchait...

Une odeur désagréable qu'il n'avait jamais sentit auparavant était parvenue à ses narines. Elle ne ressemblait à rien de connu, mais il n'avait guère eu le temps d'en déterminer la provenance, car des éclats de voix avaient attirés son attention :
A plusieurs mètres de l'endroit où il se trouvait, une femme venait de faire une chute. Un homme, visiblement son poursuivant, l'avait redressée sans aucune délicatesse, avant de se mettre à la battre, lui arrachant des cris de détresse horribles.

Le temps qu'il réagisse, et qu'il décide d'intervenir, la malheureuse avait perdu connaissance...

- Hé, vous êtes fou, qu'est-ce que vous faites ?!

Une fois sur place, il s'était agenouillé auprès de la victime, qui perdait beaucoup de sang.
Sans l'aide des secours, elle risquait un collapsus cardiovasculaire ( = effondrement de la pression sanguine ), et donc la mort...
Réfléchis Tobias... premièrement, le numéro des urgences...
Il allait le composer, quand le compagnon violent de la demoiselle l'avait approché, avec l'intention de lui donner un coup.
Instinctivement, il avait protégé son visage de ses mains, lâchant son mobile du même coup, mais il n'avait jamais sentit l'impact...

Il n'avait comprit qu'après coup que ses sens avaient été trompés : ces gens n'étaient ni réels, ni palpables...
Mais qui donc avait le pouvoir de faire des choses pareilles ?
Une chose était sûre, ce n'était certainement pas une personne très fréquentable, car la " création " était morbide.

- Qui est là ?

Le jeune homme avait la désagréable impression de parler dans le vide, et pourtant, son côté loup le mettait en garde contre un danger proche. Tout proche...

Une femme s'était perchée au dessus de lui, une très belle femme, dont la peau était aussi blanche que de la craie, avant que sa voix cristallinene s'élève dans le parc désert, moqueuse :

Véronica : Ton pire cauchemar... Moi !

Tobias avait levé la tête, avant de la regarder descendre, et l'approcher, ne sachant pas quelle conduite adopter :

Véronica : Véronica Sanders... Volturi ! Et toi petit loup qui es-tu ?

Si tous les vampires avaient ce genre de caractère méprisant, il comprenait mieux pourquoi les Quileutes n'en voulaient pas sur leurs terres...
Volturi... Ce nom lui disait quelque chose... il l'avait lu, ou entendu quelque part, il en était certain...

" La famille Volturi est considérée comme une famille royale chez les buveurs de sang. C'est elle qui décide des lois, et veille à ce qu'elles soient respectées. Dans le cas contraire, ils interviennent pour punir le ( s ) fautif ( s ). "

Oui voilà, c'était ça !
Cela expliquait son attitude hautaine, et sa puissance manifeste...

- Tobias Matthews.

Les Volturi se déplaçaient rarement seuls. Que faisait-donc Véronica dans les parages ?
La moitié loup n'appréciait pas la proximité avec " la sangsue ", mais Tobias était curieux.
Bien que méfiant ( du moins, autant qu'on peut l'être en étant à demi perdu dans ses pensées ), il voulait en savoir plus au sujet de sa vis à vis...

Véronica : Alors je suis seule à Forks, du moins pour le moment. Je suis là car je suis venue voir de vieux amis et dis a ton petit loulou d'être moins méfiant ça me stresse !!

Comment avait-elle pu deviner qu'une partie de lui répugnait à la savoir si proche ?
Lisait-elle dans ses pensées ?
Si c'était le cas, l'auteur lui souhaite bien du courage pour s'y retrouver, et il allait s'efforcer de faire le vide dans son esprit.
Une telle intrusion lui déplaisait.

Véronica : Tu as peur ?

Son sourire aurait fait peur à n'importe qui. Toutefois, il n'était pas sûr de ce qu'il ressentait.
Aussi, il avait fournit une réponse assez évasive à son interlocutrice :

- Je ne sais pas... je devrais ?

" La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent; et l'anxiété que nous cause la prévision du mal est plus insupportable que le mal lui-même ! "
Cette phrase était véridique.
Pour l'heure, s'il oubliait le fait qu'il se trouvait en face d'un buveur de sang visiblement peu commode, il n'avait rien à craindre, alors autant ne pas s'encombrer avec des " et si ", ou d'autres interrogations vaines du même genre...

Avant qu'il n'ait eu le temps de dire " ouf ", Tobias s'était retrouvé immobilisé sur une chaise. Encore une illusion sûrement, mais il était véritablement dans l'incapacité de se mouvoir correctement...

- Qu'est ce que vous...?!

Une vague de peur avait déferlée dans son esprit quand il avait aperçu les seringues posées sur le plateau à la portée de la buveuse de sang. Il avait tenté de se libérer de ses liens, mais sans succès.

- C'est bon,vous avez gagné, maintenant j'ai peur... libérez moi...

Sa respiration s'était accélérée. Lorsque la jeune femme s'était approchée de lui, il s'était de nouveau agité pour retrouver sa mobilité, mais une fois encore, ses efforts avaient été vains...

- Non, arrêtez, faites pas ça !

Ses paupières s'étaient fermées, crispées au dessus de ses yeux effrayés. Et puis, il avait sentit l'aiguille pénétrer dans la chaire de son bras...

***

Il tremblait encore lorsque l'illusion s'était dissipée, et que son ennemie lui avait fait un signe de la main pour lui dire au revoir, moqueuse.

Véronica : Je te laisse petit faiblard.

" La faiblesse qui conserve vaut mieux que la force qui détruit. ". Lui au moins, il n'était pas un psychopathe...
En se relevant, il avait rapidement épousseté sa chemise, avant de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux. Ayant eu assez d'émotions pour la soirée, il avait décidé de rentrer chez lui sans faire de détour...